La soirée de gala de rentrée, Fiona passait y faire un tour chaque année. Elle ne faisait pas partie de ceux qui y restaient jusqu’au bout de la nuit, elle n’avait même jamais réussi à faire de nuits blanches de sa vie. Elle avait une fois réussi à tenir jusqu’à 5 heures du matin, en été, pendant une tournée des bars londoniens entre filles.  Elles avaient vu le soleil se lever sur les bords de Tamise pendant qu’elles prenaient un dernier verre. Un bien joli spectacle dont le souvenir la faisait toujours sourire. Puis elle était rentrée dans son appartement et avait dormi comme un bébé jusqu’à deux heures de l’après-midi.

Elle quittait en général la soirée sur les coups de une heure du matin, quand l’alcool commençait un peu trop à changer les mentalités des gens, et que les garçons qu’elle n’avait encore jamais vu auparavant la prenaient pour une première année et essayaient de la courtiser, la prenant pour une « fille facile à mettre dans son lit ». Cette fois-ci encore, un petit blondinet n’avait cessé de la regarder du coin de l’œil pendant qu’elle discutait avec certains de ses amis, et qu’elle dansait. Elle l’avait vu se servir un dernier verre de punch, s’en servant comme d’une dose de courage, avant d’aller l’accoster. Elle avait feint de ne pas l’avoir vu, ni entendu et s’était dirigée vers les toilettes des filles pour le fuir. Il l’avait suivie du regard, et s’était posté dans un coin de la salle où il pouvait surveiller son retour éventuel. Il ne semblait pas vouloir lâcher l’affaire. Elle était coincée.

Elle ne savait plus vraiment comment l’idée de monter sur le toit lui était venue. Elle n’y avait jamais vraiment mis les pieds auparavant. Elle avait erré dans les couloirs, cherchant une manière de retourner dans la salle où la soirée avait eu en éviter son admirateur du jour. Si les salles de musique avaient été ouvertes, elle s’y serait peut-être engouffrée, laissant ses doigts glisser sur les touches blanches et noires d’un piano. Elle se retrouva finalement dans des couloirs qu’elle ne connaissait pas, et poussée par sa curiosité, elle y erra jusqu’à trouver la porte menant aux toits. Un peu d’air pouvait lui faire du bien. Le temps avait été clément aujourd’hui, et elle ne devrait pas trop souffrir du froid de la nuit.

Elle poussa les portes des deux mains, et fit claquer ses talons sur le béton. Une partie de Londres s’offrait à ses yeux, la vue était plutôt jolie. Elle avança de quelques pas, et un mouvement sur sa gauche attira son regard. Elle n’était pas seule, un autre étudiant était déjà debout dans l’obscurité. Elle ne pouvait pas voir son visage, juste distinguer sa silhouette, et le bout incandescent de la cigarette qu’il portait à ses lèvres. Elle s’approcha doucement de lui. « On a eu la même idée apparemment. Besoin de fuir quelqu’un ? »

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«  Pas spécialement. C'est ton cas ? » Fiona ne put s’empêcher de sourire en entendant cette voix. Comment avait-t-elle pu ne pas reconnaitre sa silhouette, sa façon de se tenir, le fait qu’il fume une cigarette quand il avait besoin de se changer les idées, de s’enfuir ? Elle s’avança plus près de lui. « Peut-être … » Il restait dans l’ombre, mais ses yeux s’étaient déjà un peu habitués à la pénombre et elle pouvait à présent mieux distinguer ses traits. Il regardait droit devant lui, le regard un peu perdu. Il avait dégrafé le nœud papillon qu’il portait plus tôt dans la soirée, quand elle l’avait aperçu accompagné de Siam. Cette Siam, quelle mégère ! Elle était si adorable avec lui, et si impossible à supporter avec elle. Et forcément, dès qu’elle se plaignait de ses piques à Elliot, celui-ci se contentait de sourire en prétextant qu’elle devait surement être un peu jalouse au fond. Ce qui avait pour don de l’énerver un peu plus à chaque fois. Pourquoi serait-elle jalouse des filles que fréquentait son ex, elle n’avait plus aucun droit sur lui depuis cette première année. Beaucoup d’eau avait coulé sous les ponts depuis. Il tourna légèrement la tête avec elle, et enchaîna la conversation. « Qu'est-ce que tu fais sur le toit ? Tu t'es perdue ? » Elle ne put s’empêcher d’esquisser un sourire. Repérée à la seconde même où elle avait posé les pieds ici. Elle n’avait jamais eu l’esprit assez aventureux pour explorer les moindres recoins des bâtiments, contrairement à lui qui semblait bien à son aise sur cette partie surement interdite aux élèves. « Tu me connais trop bien … J’avoue que je ne n’avais jamais mis les pieds ici avant. Si j’avais vu qu’il y avait une telle vue d’ici, je me serai égarée plus tôt dans les couloirs. » Elle fit deux pas de plus, se rapprochant du muret qui la séparait du vide. Elle n’était pas du genre à avoir le vertige. Les lumières du London Eye brillaient au fond de la scène et on distinguait sans peine la Tamise d’ici. « Tu es vraiment magnifique, ce soir. » Elle ne put s’empêcher de le regarder, il avait à présent ses yeux posés sur elle. Heureusement que l’obscurité l’empêcha de voir ses joues rougir. Chaque fois qu’il lui faisait un compliment, elle se sentait comme une petite fille qui n’avait rien connu de la vie. Sans vraiment savoir ce qui provoquait cela. « Merci. Ce smoking te va comme un gant. » Trois secondes plus tard, il avait repris sa position nonchalante. Comme si rien ne s’était passé. « Alors, qui fuyais-tu ? » Elle lui avait raconté ses mésaventures des années précédentes, elles le faisaient rire à chaque fois. Elle tourna le dos à la vue pour le moment, s’appuyant de ses deux coudes à la rambarde pour se mettre plus à l’aise. Le contact de la pierre froide la fit légèrement frissonner. « Un première année. Je crois. Encore un qui a cru que je venais à peine d’avoir 19 ans … » Elle était sûre que lorsqu’elle serait plus âgée, elle serait surement flattée de faire moins que son âge. Mais pour le moment, elle avait du mal à accepter qu’on lui demande sa carte d’identité lorsqu’elle voulait acheter du vin, ou de plaire à des garçons à peine sortis de l’adolescence. « Et toi ? Qu’est-ce que tu fais ici ? Siam t’aurait trouvé un remplaçant pour la soirée ? »

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Dommage qu’il avait retiré à moitié son nœud papillon, l’ensemble lui allait vraiment comme un gant. Même si à demi-accroché comme cela, cet air un peu décontracté et je-m’en-foutiste à la fois avait aussi son charme. Il ne fallait pas chercher longtemps comment il avait réussi à la faire tomber dans ses filets en première année. En parlant de petits jeunes … « Un première année ? Ah ! Le pauvre ! Tu viens sûrement de lui briser le cœur ! Il s'appelait comment ? Tu as un nom ? Je pourrais peut-être te le ramener pour que tu changes d'avis ? » Il avait enchaîné ces quelques mots d’une traite, sans s’arrêter, comme s’il n’avait pas eu le temps de faire une pause. Une vraie avalanche de questions. Lui briser le cœur ? Elle espérait que non, elle n’avait fait que lui sourire à un moment ou à un autre de la soirée, rien de plus. Quant à son prénom, elle n’en avait aucune idée. Il n’était pas vraiment son type, trop gringalet, pas le bon style vestimenaire, et ne l’intéressait donc pas vraiment. Mais à l’idée qu’Elliot pouvait le traîner jusqu’ici, elle ne put s’empêcher de sourire. « Je ne crois pas non. Il est très bien où il est, à sagement croire que je suis encore aux toilettes en train de me repoudrer le nez … » Comme il lui avait demandé la raison de sa présence sur ce lieu interdit, la jeune brune n’hésita pas deux secondes avant de lui retournant la question, en essayant par la même occasion d’en apprendre un peu plus sur sa relation avec Siam. « Siam ? Ben ...je ne sais pas ... peut-être … » Peut-être quoi ? Est-ce qu’il fricottait réellement avec sa colocataire ? Non, ce n’était pas son genre. Ou bien ? Elle fronça inconsciemment les sourcils, un peu fâchée à l’idée qu’il pourrait se passer quelque chose entre cette gamine un peu trop imbue d’elle-même et son ex petit-ami. « Attends, tu ne crois quand même pas qu'elle et moi...? Naaan !! » Quelque chose dans sa façon de s’exprimer laissait penser qu’il avait peut-être un peu trop forcé la main sur le champagne ou le punch. Cette manière de nier, et son rire de tout à l’heure … Elle jeta un coup d’œil vers lui. En effet, Elliot avait l’air bien saoul ce soir. Des mois qu’elle ne l’avait plus croisé dans cet état. Elle ne put empêcher un sourire amusé de prendre le contrôle de ses lèvres. « Naan, j'essaye de me convaincre qu'il ne faut plus que je me fasse de films sur une certaine fille. C'est une de mes profs ! » Une de ses professeures ? D’un côté, certains de leurs enseignants étaient à peine plus âgées et certains étaient des anciens étudiants de la RCA, qui n’avaient pas réussi à atteindre leurs rêves et qui nostalgiques de leur période étudiante, étaient revenus à Londres partager leur savoir avec la relève. D’un autre côté, avoir une relation avec un professeur … Fiona ne trouvait pas vraiment cela très sain. Mais après tout, il était majeur, célibataire, il pouvait faire ce que bon lui semblait. Un instant, elle l’imagina dans le lit d’une quarantenaire, cougar qui ne cherchait que la compagnie de jeunes étudiants pour les croquer plus facilement. Mais elle secoua bien vite la tête pour chasser cette image de son esprit. « Toi les petites vieilles et moi les petits jeunes, on fait la paire sur ce toit on dirait. » Le vent commençait à se lever, et la chair de poule envahi doucement ses épaules et ses bras. Encore quelques minutes, puis elle redescendrait rejoindre ses amis dans la salle qui accueillait le gala. Sur un coup de tête, elle se retourna à moitié vers le rouquin. « Dis,  tu n’aurais pas apporté une bouteille de champagne avec toi ici ? Je crois qu’il va me falloir une dose de courage avant d’y retourner … » Juste un verre, un  tout petit verre.

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Le voir prendre la mouche pour une boutade, une petite taquinerie sur l’âge que pouvait avoir sa professeure « coup de cœur » la fit sourire. Un peu saoul ? Elle n’avait pas vraiment du voir clair la première fois qu’elle l’avait regardé. Elliot était complétement saoul. Il avait dû en boire des verres pour arriver à cet état. C’en était limite à se demander comment il avait réussi à trouver le chemin du toit, puisqu’il semblait être un habitué des lieux, et s’il allait réussir à retourner en bas, puis chez lui, sans encombres. Pour sa part, elle ne l’avait jamais vu ivre à ce point-là, ou pas depuis longtemps. Il se montrait le plus souvent dans son état « normal » et propre sur lui quand ils passaient du temps ensemble. « De toute façon, tu ne peux pas comprendre...Tu n'as jamais été "vraiment" amoureuse. » Ca, c’était fait. Les reproches qui remontaient avec l’alcool. Jamais amoureuse. Pourquoi les gens étaient persuadés que son perfectionniste un peu maniaque sur les bords faisait d’elle une personne froide et sans sentiments ? Elle en avait plus qu’assez de ceux qui ne s’arrêtent qu’aux apparences. C’était bien un des avantages des relations avec les filles, elles vous voient complètement différemment, vous renvoient une image de vous bien plus positive. « Crois ce que tu veux, ça m’est égal. » Une chance sur deux pour qu’il regrette ses paroles dans la matinée de toute façon. Elle haussa les épaules une fois de plus, portant ses mains à ses bras pour se réchauffer un peu. Malgré le brouillard qui l’entourait, il semblait se rendre compte du froid. « Tiens. Tu vas attraper une pneumonie...le temps s'est refroidi. » Il se débarassa de sa veste et la lui tendit. Pendant deux secondes, elle ne bougea pas, ne sachant pas trop quoi en faire. Finalement, elle se décida à la lui emprunter et à la poser sur ses épaules. « Tu n’étais pas obligé … Merci. » Quelques souvenirs essayèrent de revenir au premier plan dans son esprit, elle les chassa presque aussi rapidement qu’ils étaient venus. Interdiction de penser à lui de cette façon. Pas ce soir en  tout cas.
Elle se surprit elle-même en demandant s’il avait une bouteille non terminée à côté de lui elle n’avait jamais été du genre à boire pour boire. Elle appréciait un verre ou deux en début de soirée, aimait beaucoup les mojitos et les piña colada, mais n’aimait pas cette sensation de perte de contrôle qu’elle expérimentait dès qu’elle commençait à atteindre ses limites. Elle aurait pu être énervée d’être en présence d’un Elliot complètement hors de contrôle, mais d’un autre côté, elle était aussi amusée. Peut-être un peu envieuse aussi. « Je...je n'ai pas de verres. Ça te gêne si … » Il avait une bouteille demi-entamée de champagne dans la main gauche, ses yeux faisaient des allers-retours entre la boisson et Fiona. Il semblait indécis. Elle avança le bras, et pour couper court à toute hésitation, s’empara du champagne. « Ce n’est pas la première fois qu’on boira au goulot de la même bouteille non ? » Elle haussa les épaules, un grand sourire aux lèvres. Tout en faisant attention de ne pas salir sa robe, ou la veste d’Elliot, elle approcha ses lèvres du goulot et en but une petite gorgée. Son rouge à lèvres laissa une trace sur le verre, des bulles éclataient et picotaient sa langue et dans sa gorge, un peu de froid se rependit dans sa poitrine. Elle garda la bouteille dans sa main pour le moment.

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Elle sentit son regard posé sur elle pendant qu’elle posait sa veste de smoking sur elle. « Si un peu...C'est ça de mettre des robes sans manches histoire d'épater la galerie et d'attirer les premières années. » Elle leva les yeux au ciel, il était vraiment impossible ce soir. Il savait bien qu’elle n’était pas le genre de fille qui cherchait à épater la galerie. Elle était plutôt la discrète, celle qui aimait aller discuter avec n’importe qui, surtout ceux qui se sentaient isolés au milieu de tous les étudiants rassemblés pendant ces gala étudiants. Les manches recouvraient entièrement ses mains, elle dut légèrement les retrousser pour pouvoir dégager ses poignets et pouvoir se saisir de la bouteille que le rouquin lui tendait, un peu perdu depuis qu’elle avait évoqué son envie de boire un dernier verre avant de rejoindre la soirée. Elle allait la lui rendre quand son rire éclata, crevant le silence de la nuit qui les entourait. « C'est juste que...on t'a jamais demandé quand est-ce que t'allais grandir ? Tout de suite, là, maintenant, on dirait une petite fille qui essaye de se prendre pour son père ! » Il sous-entendait d’abord qu’elle n’avait jamais été amoureuse, limite qu’elle ne ressentait jamais rien, puis il la traitait de petite fille. Il avait le prétexte de l’alcool qui déformait un peu ses propos et pensées, mais il commençait vraiment à y aller un peu fort. Parfois, quand elle le croisait dans les couloirs de l’école, elle le trouvait toujours aussi attirant. Elle se demandait alors qu’elles avaient été les vraies raisons de leur rupture, et qu’est-ce qui les retenait de retenter quelque chose. Avant de sortir de sa rêverie, rien ne lui assurerait que les choses se passeraient mieux cette fois-ci, et elle se convainquait que les sentiments qu’elle avait encore parfois l’impression d’éprouver étaient juste des souvenirs. Mais ce soir, son comportement avait fait en sorte que de l’eau allait devoir couler sous les ponts avant qu’elle le voit à nouveau comme une personne « désirable ». Aucune envie de rapprochement ne l'animait à cet instant.« Tu en veux une ? » Il était en train de lui tendre son paquet de cigarettes, comme s’il la testait. Fiona n’avait jamais touché au tabac ou aux drogues, même alors qu’elle était adolescente. Elle aurait eu des millions d’occasion de tester l’un ou l’autre, d’en devenir accro, mais elle n’avait jamais franchi cette limite qu’elle s’était imposée. Il savait tout ça. Pourquoi la cherchait-il ? « Non merci. » Il était temps pour elle de redescendre. « Je vais retourner en bas. Je garde la bouteille, tu as assez bu pour ce soir je pense Elliot. Bonne fin de soirée. » Elle garda la veste avec elle, elle la lui rendrait la prochaine fois qu’elle le croiserait. A moins qu’elle la dépose directement chez lui, un jour où elle savait que Siam y serait aussi. Elle abandonna le muret qui la soutenait et marcha vers la porte. Mais quand elle essaya de la tirer à elle, une résistance l’en empêcha. Bizarre. Elle posa la bouteille à terre pour avoir ses deux mains de libres, et essaya encore une fois. La porte bougeait un peu mais ne s’ouvrait pas. Elle semblait presque …. Coincée !? « Elliot ? La porte ne s’ouvre pas …  »

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Pendant qu’elle se dirigeait vers la porte qui l’emmènerait à nouveau dans les couloirs de l’école, Fiona entendit Elliot lui demander pourquoi elle le quittait déjà. Apparemment, il aurait eu envie de discuter d’avantage. Dommage pour lui, il avait laissé passer sa chance ce soir. Ils auraient leur conversation de post-rentrée quand elle ne serait plus énervée par son comportement d’adolescent immature de ce soir. Sauf qu’une porte se dressait devant elle, porte qu’elle n’arrivait plus à ouvrir et qui l’obligea à aller demander de l’aide auprès de la salle personne présente sur place, Elliot. D’abord souriant, il se rapprocha de la porte et essaya à son tour de la pousser d’une main. Les bras croisés, un peu blasée, la femme« Merci. » Elle ne pouvait que le remercier, puisqu’il aurait pu rester à son poste d’observation et s’amuser de la voir désespérer de passer le reste de la soirée coincée sur ce toit avec lui. Mais il avait fait l’effort de la laisser partir. Elle allait s’échapper, descendre les marches qui la séparaient de l’étage d’en-dessous et refaire le chemin qui la mènerait vers ses colocataires, qui devaient se demander où elle avait bien bu passer. Sauf qu’au dernier moment, Elliot se mit entre elle et l’embrasure de la porte. Elle se mit à froncer les sourcils. Allait-il s’excuser de son comportement et avouer qu’il avait trop bu ? Elle lui pardonnerait sans soucis ses écarts de comportement et de langage si c’était le cas. « ... il faut que je te dise que, ce soir, j'aurais voulu que ce soit mes bras qui te réchauffent, non ma veste. J'aurais voulu que ... ce soit mes lèvres que tu embrasses, non cette... » Les phrases qui sortirent de sa bouche la laissèrent sans mots. « Je crois que ce soir je ... je t'aime. » Elle ne sut plus quoi dire, elle était partagée entre l’envie de le gifler pour lui faire prendre conscience de ce qu’il venait de lui dire et de le prendre dans ses bras. Les mots dits sous l’emprise de l’alcool étaient souvent juste, mais amplifiés. Et parfois, il était presque impossible de distinguer le vrai du faux, les envies du réel. Il lui disait qu’il croyait l’aimer. Mais comme il l’avait évoqué plus tôt, il ne se souviendrait surement pas de cette conversation. Fiona malheureusement si. A cet instant, elle aurait aimé être aussi saoule que lui, pour classer cet épisode gênant dans la catégorie « mon imagination m’a joué des tours. » Elle sentait son regard sur elle, elle ne savait pas si c’était pour guetter ses réactions ou si c’était en attente d’une réponse. Elle gardait pour sa part ses yeux rivés au sol, elle ne savait que faire. Dans tous les cas de figure, ces quelques mots mettaient en péril l’amitié qu’ils avaient réussi à construire après leur histoire d’il y a cinq ans. Alors qu’il s’effaçait, s’écartait du chemin et la laissait à nouveau accéder aux escaliers, elle soupira et aller s’asseoir sur un petit muret froid non loin de lui. « Tu n’as pas le droit de dire ça Elliot. » Elle se releva, marcha à nouveau vers lui. « On est amis non ? Juste des amis … » Elle se força à prononcer ce mot, insistant dessus, même si au d’elle, elle se demandait ce qu’elle ressentait au juste pour lui, juste de l’amitié ou un peu plus ? Lui ne se rappellerait plus de rien, et elle continuerait à cogiter. C’était parfaitement injuste.

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